Extrait tiré et adapté d’un document intitulé «Thinking Strategically: A Primer on Long-Range Strategic Planning for Grassroots Peace and Justice Organizations», par Randall Kehler, Andrea Ayvazian et Ben Senturia, pour le Peace Development Fund et résumé par Philippe Duhamel d’Opération SalAMI et revue par Rowena Roy du W3Québec. Des copies papier du document original anglais seront disponibles sous peu.

Nous savons que les changements que nous voulons apporter au sein de l’industrie québécoise du Web et du multimédia mettront du temps à se réaliser. Il semble donc souhaitable d’explorer les moyens de donner du souffle à notre travail, de l’inscrire dans la durée, donc de le rendre plus efficace. La planification stratégique à long terme offre justement, un moyen d’y arriver. La planification stratégique? Rien de mystérieux ou de très compliqué dans tout ça. Le gros bon sens, c’est tout. Dans sa plus simple expression, il s’agit de répondre à quatre questions fondamentales :a) Quel est l’objectif de notre organisation? b) Oùen sommes-nous, aujourd’hui, par rapport à cet objectif? c) Où voulons-nous nous trouver (à un moment donné)? d) Et comment nous rendre d’ici à là-bas?La question la plus cruciale de toutes — et celle que l’on trouve aussi la plus difficile — est la dernière : le comment nous rendre d’ici à là-bas. C’est la partie stratégie de la planification stratégique. Quand on parle de réflexion stratégique, on parle de tracer les étapes qui nous conduirons jusqu’à notre objectif, de même que l’ordre dans lequel nous devrons les exécuter. On parle en fait d’une démarche, d’une série d’étapes agencées en progression, chacune rendue possible ou appuyée par la précédente. Toute planification n’est pas stratégique. Souvent, la planification n’est que séquentielle. Au lieu d’une progression d’étapes qui conduisent quelque part, la planification séquentielle présente une série d’étapes un peu aléatoires, dont l’ordre serait interchangeable, sans intention réelle de bâtir quoique ce soit. Jusqu’ici, nous avons surtout fait de la planification séquentielle. Pire, parfois on ne planifie rien du tout…

Par contre, la plupart d’entre nous n’hésitent pas à faire de la planification stratégique, souvent sans le savoir. Pensons à nos études, à notre formation professionnelle, etc. Pour atteindre notre objectif, on a probablement dû suivre une série d’étapes dont l’ordre n’était pas vraiment interchangeable. Pour devenir enseignante, par exemple, il aura d’abord fallu se former dans une matière que l’on voulait enseigner, suivre des cours et obtenir les diplômes requis, se pratiquer ou faire un stage,obtenir les autorisations nécessaires et enfin postuler pour différents postes. De la même façon, pour construire une maison ou faire un jardin, il faut monter la charpente avant de finir les murs, préparer le sol avant d’y mettre les semences. La planification stratégique ne sert pas seulement dans la vie personnelle. La planification stratégique est un outil dont toutes sortes d’institutions se servent dans notre société. Elles l’utilisent systématiquement et de manière périodique pour réaliser leurs objectifs. On pense tout de suite aux entreprises et aux militaires. Mais la liste est longue : écoles, hôpitaux, organismes de charité, autres organisations non gouvernementales… On note souvent que la seule planification qui se fait est habituellement à très court terme. Notre expérience nous a montré que dans les cas où se faisait un peu de planification, elle s’appliquait généralement à des événements dans six mois, un an à peine, parfois même dans quelques semaines seulement. La présente démarche voudrait encourager le W3Qc à planifier plus longtemps à l’avance, à élaborer des stratégies pour des objectifs fixés sur deux ans, trois ans, cinq ans, voire même dix ans. C’est ce qu’on appelle la planification stratégique à long terme. (Pour les militaires, la planification stratégique ne peut être considérée «à long terme» que si elle s’étend sur une période d’ au moins dix ans. Intéressant.) Il importe toutefois de se rappeler que la planification stratégique est essentielle à trois autres niveaux : pour une campagne en particulier (augmenter le membership), pour un mouvement centré sur un enjeu précis (par ex. : Formation sur les normes) et pour des mouvements plus globaux et mondiaux (le combat de l’absence de méthodologies normalisées dans le monde (W3C.).La stratégie à chacun de ces niveaux sera influencées par la stratégie aux autres niveaux. Comme nous le verrons ensemble, la planification stratégique à l’échelle d’un groupe implique la prise en compte des stratégies qui ont cours à tous ces autres niveaux.

Maintenant, il suffit d’organiser des soirées de réflexions sur la planif strat et on y va !